En ce début d’année, certaines
choses ont commencé à me peser. J’avais un problème avec ma couleur de peau et
ce qu’elle implique. J’avais envie de passer inaperçue un peu, mais c’était
loupé dès que je sortais seule. La drague, la demande de cadeau et les préjugés
sur les blancs m’agaçaient beaucoup. Je me sens tellement loin de l’image qu’ils
ont des blancs, mais je ne peux pas leur en vouloir… Les échos, les
informations, la politique étrangère n’aident pas à changer ce regard.
Maintenant, j’ai du plaisir à
sortir seule dans le quartier. On me salue, on me sourit, simplement (et l’on
rigole quand je baragouine quelques mots d’éwé). Il n’y a plus ce regard de
curiosité, de questionnement, d’inquiétude qu’avaient les gens, les adultes
comme les enfants. Je me suis liée d’amitié avec un vieux du quartier :
Monsieur Paul (j’ai oublié son nom de famille :s). On fait quelques pas
ensemble le soir, il m’apprend quelques mots d’éwé, me présente à ses amis
(comme une amie). Les femmes lui demandent en rigolant si je suis sa femme et
lorsqu’il répond « non », elles demandent pourquoi. La différence d’âge
n’est vraiment pas un souci ici… Il m’aide à m’intégrer dans le quartier et c’est
vraiment agréable. Je suis l’amie de Monsieur Paul maintenant, je ne suis plus
la petite yovo (blanche) qui cherche du pain (sucré et encore chaud) le matin.
On me demande souvent de devenir mon ami. Toutes sortes de personnes,
mais pour des raisons différentes selon le cas.
Les hommes qui m’accostent dans la rue entendent (et attendent) beaucoup
plus par le terme « ami » en tentant de me demander mon numéro.
Les enfants me voient au loin, m’attendent, me suivent avant de
demander timidement mon prénom et où je vais. Ils m’accompagnent et avant de se
quitter, me demandent s’ils peuvent devenir mon ami et si l’on va se revoir. Ca
me fait sourire. Je leur réponds que l’on va se recroiser souvent sur le
chemin.
Les femmes aussi me demandent d’être
mon ami, des fois par curiosité, des fois pour montrer aux copines que l’on
fréquente les blanches, des fois par intérêt (financier ou autre)…
Les amitiés qui se créent réellement
sont rares et prennent autant de temps que chez nous. Mon amie sociologue est
repartie sur Lomé. C’est dommage, elle m’apprenait beaucoup sur la culture
togolaise, même si c’est une « fille de la ville ». Mais j’ai fais
une autre belle rencontre : Christine, une alsacienne de Mulhouse qui
avait rencontré l’association avant ma venue. Elle fait construire une maison
dans un petit village de montagne, elle réalise un rêve à 60 ans passés. Je
vais passer le week-end chez elle, je me réjouis. On va parler mec et manger du
chocolat comme elle dit ! J
Les amitiés lointaines restent
proches et les amitiés proches peuvent paraître si lointaines parfois.
Sinon, j’ai une pensée pour Maman
tous les jours : je fais le ménage dans ma chambre et surtout la poussière tous
les jours ! C’est la période de la
poussière avec l’harmattan (vent froid et sec).
Je vous embrasse fort. Prenez
soin de vous et donner moi des nouvelles !